mardi 20 octobre 2015

Californie 2015: des Alabama Hills à Mono Lake

Jour 7

Le réveil sonne encore plus tôt qu’hier. Pas moyen cette fois-ci qu’on rate le lever du soleil sur les Alabama Hills.
Ces collines sont situées juste à la sortie de Lone Pine, vers l’ouest. Ce sont, pour résumer, de gros rochers orangés qui dessinent un paysage improbable, surtout quand on ajoute en arrière plan le Mont Whitney, plus haut sommet d’Amérique continentale (c’est-à-dire hors Alaska) et la Sierra Nevada.
Ca claque assez pour que ce décor ait servi au tournage de centaines de films. Principalement des westerns mais pas que. Le final de La Grande Evasion (High Sierra), par exemple m’avait vachement marqué, comme certaines scènes de 7 Hommes A Abattre (7 Men From Now).
C’est relativement peu connu (par rapport aux attractions majeures de la Californie, je veux dire) et donc assez tranquille. Il y a quelques camping-cars et même de gens qui semblent passer la nuit dans leur voiture ici. Bizarre.
Au lever du soleil, le spectacle est dingue. On tourne pour changer régulièrement de point de vue, on ne regrette pas de s’être tiré du lit de force.
Quand le soleil a assez grimpé pour que les couleurs deviennent plus ordinaires, on se sert de la feuille de papier que l’hôtel nous a donnée pour localiser les rochers les plus remarquables. Ils ont des noms rigolos mais on en reconnaîtra peu, tant c’est parfois tiré par les cheveux.
Cette promenade (surtout en voiture) nous a achevés. De retour à l’hôtel, en attendant 10h et l’ouverture du musée du film, je m’écroule sur le lit pendant que Géraldine se prépare.
Le musée est très intéressant, revenant sur toutes les périodes qui ont vu défiler les stars dans ce coin perdu, depuis les premiers westerns muets jusqu’à Django Unchained, en passant par Gladiator et des tonnes de films à grand spectacle de la grande époque de Hollywood.
Il y a même un petit film bien foutu, projeté dans une mignonne petite salle, malheureusement sur un écran de télévision…
Il fait frais et on apprécie la visite mais la journée est longue. Direction plein nord. On s’arrête finalement pas loin, à Manzanera.
Il s’agit de l’ancien site d’un camp d’internement pour Japonais pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Episode peu glorieux de l’histoire moderne des Etats-Unis, les Japonais installés aux USA se sont vu, une fois la guerre engagée avec leur pays d’origine, enfermés dans divers camps.
La Californie, comme presque toute la côte ouest, a été déclarée pour eux « zone d’exclusion » et ils ont été regroupés dans des camps un peu partout. Manzanera était le plus imposant d’entre eux (110 000 internés). Le lieu était hostile, brûlant en été (on peut en témoigner), glacial en hiver. Ils étaient là avec femmes et enfants. Pas de mauvais traitements mais l’humiliation d’être désignés ainsi aux yeux de la population comme des traîtres en puissance et l’obligation d’abandonner leurs commerces, leurs logements…Près des deux tiers des internés étaient pourtant américains.
Il reste quelques baraquements, aménagés pour rendre compte de la vie dans le camp et un mémorial. On vous conseille fortement la visite, peu perturbée par la foule.
Direction plein nord désormais. A Bishop, on fait une halte à la Erick Schat’s Bakery. C’est un genre d’institution, c’est grand, ils font pas vraiment que du pain. Des tonnes de gâteaux aussi. Géraldine commence à être écoeurée par la bouffe et ne veut pas en entendre parler, ce qui me déçoit quelque peu. On prend quand même un pain qui ressemble à un vrai pain, je suis trop heureux de manger autre chose que du pain de mie (NDLR : ce pain terminera à la poubelle, victime de la sécheresse). On se prend quand même une glace maison (pas trop mal) et une graaaaaande boisson (on cuit).
On ne s’arrête plus ensuite avant d’arriver à Mammoth Lakes. C’est là qu’on passe la nuit. C’est une station de ski immense, qui en été devient un camp de base pour cyclistes, pour pêcheurs (lacs en pagaille)…Il y a plein de forêts de pin et sous l’effet de la chaleur ça sent gravement bon un peu partout.
On prend possession de notre chambre un peu en avance, on s’installe et on ressort directement pour aller voir les lacs. C’est plus charmant que ce que je pensais. C’est un changement de décor radical avec les jours précédents : de l’eau, des arbres. Et la montagne.
Il y a des pistes cyclables partout, des cavaliers aussi. C’est vraiment sympa.
On se promène un peu, on passe d’un lac à un autre mais je veux absolument qu’on prenne le temps d’aller à Mono Lake, à une heure de route. Géraldine tire un peu la gueule, elle se serait bien vue rester dans le coin.
Mono Lake est donc situé plus au nord, sur la route que nous emprunterons demain pour aller à Bodie, puis Yosemite. Je veux y aller maintenant parce que l’heure avançant, la lumière va être bien plus intéressante que demain midi.
Le lac voit depuis quelques années son niveau remonter, grâce à un programme de conservation. Il avait perdu près de la moitié de sa surface depuis que les eaux qui l’alimentent avaient été détournées par le Los Angeles Acqueduct.
Ce qui fait l’attrait de ce lac, les « tufas », devraient partiellement se retrouver de nouveau là où elles devraient être : sous l’eau.
Elles sont constituées d’argile consolidé par du calcaire. Elles sont dures comme du béton et coupantes, inquiétantes.
Ce qui l’est encore plus ce sont ces millions de mouches qui occupent les premiers mètres des rives du lac. Le sol en est littéralement noir. C’est assez marrant de marcher là car elles se soulèvent sous nos pas en véritables nuages vrombissants.
Le lac ne permet pas la présence de poissons. Seule une espèce de crevette, qui sert de nourriture aux oiseaux, vit dans ses eaux.
Il y a quelques touristes débiles, dont certains se baignent. D’autres squattent les tufas, pour faire leurs selfies avec leur perche. Dans l’ensemble, il y a tout de même peu de monde et surtout des photographes. Il faut dire que c’est loin de tout.
Géraldine dit que c’est pourri mais je crois surtout que c’est parce qu’elle voulait rester avec les pêcheurs à Mammoth.
Le soleil est très bas sur l’horizon et je finis par céder, aidé dans ma décision par la présence de plus en plus envahissante de taons et autres moustiques.
Je suis assez content de notre journée, je trouve qu’on a optimisé notre temps. Une heure de conduite plus tard et dans la fraîcheur des soirées de montagne (ça fait du bien), on est de retour à l’hôtel. Une fois de plus, la journée a été trop longue pour qu’on ait le courage de ressortir.







































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