jeudi 22 octobre 2015

Californie 2015: Yosemite National Park

Jour 9, consacré à «Yosemiti», comme ils disent. 

Ces derniers jours nous ont bien épuisés donc on prend notre temps. L’objectif de la journée est d’explorer la Glacier Point Road. En gros, il y a 3 routes principales dans Yosemite, qui correspondent à trois secteurs de rando: celle qui mène à Tioga Pass, que nous avons empruntée la veille. Celle de la Valley, qu’on se réserve pour demain. Et celle de Glacier Point. 
Comme Tioga Pass, la route de Glacier Point est fermée jusqu’assez tard dans la saison. Glacier Point lui-même est à un peu plus de 2000m d’altitude. Cette année, pas de souci, vu le peu de neige, c’est ouvert. 
La route commence gentiment, bien ombragée. A l’approche d’une clairière, on aperçoit quelques voitures garées n’importe comment. 
S’il y a bien une leçon qu’on a retenue de nos passages à Yellowstone ou encore au Kruger park, c’est que dès que l’on voit plus de 2 bagnoles arrêtées n’importe comment, on s’arrête et on scrute, parce que ça peut vouloir dire grosse bête. 
Et BINGO! Ca fait une demi-heure à peine qu’on est dans le parc et on voit un ours renifler les fleurs, se rouler dans la poussière puis partir en courant. Assez chanceux parce que s’il y a des ours à Yosemite, c’est pas non plus les parcs du Nord. 
Déjà, il n’y a que des ours noirs, pas de grizzlies. On dit noir mais souvent ils sont plutôt couleur cannelle. 
On ne boude pas notre plaisir. Déjà parce qu’il a bien pris son temps, qu’on a pu rester un quart d’heure à l’observer, qu’il s’est progressivement approché tout en restant à bonne distance, qu’il était très beau et qu’en plus, on a vu ses coussinets de patte quand il s’est mis à courir comme un fou. Et ça, on n’avait jamais vu. 
Ca nous met de bonne humeur pour la journée. 
Heureusement parce qu’un peu après, on est un peu énervés de voir que le parking du départ de randonnée pour Taft Point et Sentinel Dome est blindé. Du coup, les gens se garent n’importe où le long de la route. Comme on est bien élevés, on fait demi-tour et on se trouve une vraie place un peu plus bas. 
Ca cogne sévère malgré l’altitude, heureusement, une bonne partie du chemin qui mène à Taft Point commence dans la forêt. C’est à peine à 2km mais ça me paraît plus long. On est bien content qu’il ait fait sec ces derniers mois parce que déjà comme ça, il suffit de s’arrêter quelques secondes pour entendre l’irritant bruit des moustiques nous siffler aux oreilles. Ca sent incroyablement bon dans la forêt, cette odeur de pinède qui me donne légèrement l’impression d’être dans les Landes. Bizarre. 
La fin du trajet est un peu plus pénible, en plein cagna, sur un de ces dômes de granit bien réfléchissant. 
Il y a assez peu de monde (pour Yosemite, hein). Le long des falaises, il y a des crevasses immenses. Quelques jeunes un peu dingues ont tendu des cordes d’un côté à l’autre des crevasses et marchent en équilibre au-dessus du vide. 
Taft Point est à 2287m surplombe la Yosemite Valley de 1000m environ, et ça tombe complètement à pic. C’est malade, quand on regarde en bas, on a l’impression d’être en avion. 
Autant dire que je fais pas trop le malin. Et pire que tout, je ne supporte pas de voir Géraldine s’approcher du bord, je ne peux tout simplement pas regarder. 
Tout en haut, il y a un garde-fou métallique. Géraldine reste plus bas dans un premier temps pour faire des photos et je me retrouve avec un taré qui monte sur le garde-fou pour se pencher dans le vide.  
Ce sera une constante dans les prochains jours: le nombre d’inconscients qui bravent les interdits et se mettent en danger pour le plaisir d’une photo débile ou juste pour faire les cons. J’arrive pas à comprendre. D’autant moins que tous les ans, il y a quelques uns de ces abrutis qui finissent par tomber et se tuer. Souvent dans les rivières, d’ailleurs. 

Bon, faut avouer, le panorama est fou et je commence à me dire que ok, Yosemite c’est peut-être pas aussi dépaysant que les roches rouges de l’Utah mais c’est quand même foutrement photogénique. 

On avait décidé de se faire au retour le combo Taft Point ET Sentinel Dome puisque les deux chemins partent du même endroit mais en fait, on est en nage, on crève de faim et de soif donc on préfère aller bouffer. Dans la voiture. Les rares bancs qu’on trouve le long de la route sont de toute façon pris d’assaut et le repas du midi en voyage, pour nous, c’est vraiment pas la priorité. 

Un peu plus loin sur la route, on arrive à Washburn Point, qui nous donne un point de vue fantastique sur la partie est du parc, notamment le Half Dome et Vernal & Nevada Falls. 

La route est vachement belle, dévoilant à chaque virage des vues imprenables sur tel ou tel somment. 
Et au bout, le cul de sac, Glacier Point. 
Là, y a du monde. Enfin, y en avait déjà pas mal à Washburn.  
Au palmarès des touristes gueulards, on a les Espagnols, hein, faut être honnête, les Indiens, les Israéliens et les Chinois. Putain, qu’est-ce qu’ils parlent fort, tous. 
On prend un peu le frais dans le café/boutique, ça fait du bien, sauf de voir des gens gros bouffer des trucs infâmes et qui puent le graillon à 16h.  
Glacier Point mérite le monde qu’on y trouve. Le panorama est aussi distrayant que l’observation de tous les gens qui rivalisent d’ingéniosité pour se prendre en portrait. Si possible de l’autre côté de la barrière, avec les gosses, juste au bord, là. 
C’est horripilant et divertissant à la fois. Il y a quand même des gens normaux, entendons-nous bien, mais c’est quand même dans l’ensemble un sacré spectacle et une vraie pub pour les vacances dans des coins déserts. 
De Glacier Point part ou arrive la Four Mile Trailhead, une randonnée qui va jusqu’en bas dans la vallée. Les navettes gratuites qui sillonnent le parc permettent de ne le faire que dans un sens et la descente n’est pas forcément plus facile que la montée, surtout qu’il y a des échelles à un moment. Autant dire que c’est pas pour moi du tout.  Dans le flot des touristes gueulards, je suis quand même tombé sur un photographe très intéressant, qui habite vers Fresno et qui connaît donc extrêmement bien le parc. 
Paraît-il par exemple que lorsqu’un orage s’annonce, c’est le ballet des hélicos pour redescendre les mecs qui campent tout en haut du Half Dome (pas sûr qu’ils aient le droit) et qui risquent de se faire foudroyer, paratonnerres vivants, seul élément de verticalité dans cet environnement minéral lisse comme le crâne d’un chauve. 
Et d’autres trucs aussi mais bon, je ne vais pas vous saouler avec ça. 
Mine de rien, on reste presque une heure là-haut, à regarder, discuter. 
On fait tranquillement la route en sens inverse. Géraldine insiste pour que l’on s’arrête de nouveau là où l’on a vu l’ours ce matin. Il n’y a plus personne, plus d’ours non plus. Mais après cette foule, ce calme fait un bien fou. 
On hésite en redescendant à s’arrêter à Mariposa Grove, qui abrite une forêt de séquoias géants mais en voyant les signes disant que le parking est plein, qu’il faut se garer à des kilomètres puis prendre une navette, on renonce. 
Bonne occasion pour redescendre un peu plus tôt que d’habitude. Il nous a semblé voir quelques boutiques de vieux machins qui valent le coup d’œil ce matin. Ca ferme tellement tôt qu’on arrive évidemment après la fermeture mais au moins, on aura repéré les lieux.